20 novembre 2008
Ça fume comme des cheminés
- Les cheminés de l'incinérateur de Québec crachent des émissions polluantes qui dépassent largement les normes environnementales québécoises. (Éric Moreault, dans Le Soleil.)
Les cheminées de l'incinérateur de Québec...
Première phrase de l'article, en caractères gras...
* * * * *
- On n'a pas retourné, hier, les appels du Soleil sur la question.
Retourner un appel est tenu pour un calque de l'anglais; j'en ai parlé ici. Je proposerais :
On n'a pas rappelé Le Soleil, hier, à propos de la question.
Les appels du Soleil sur la question sont demeurés sans réponse, hier.
Line Gingras
Québec
« L'incinérateur de Québec dangereux » : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/200811/18/01-802056-lincinerateur-de-quebec-dangereux.php
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19 novembre 2008
Histoire de générations
- L'éducation, faut-il le rappeler, concerne les jeunes, c'est un investissement pour les générations futures et non pour celles qui ont amplement profité des sacrifices de ceux qui les ont précédés. (Denise Bombardier.)
Ceux qui ont précédé qui, quoi? Certainement pas eux-mêmes, et pas davantage les sacrifices : le pronom personnel les, complément d'objet direct avec lequel doit s'accorder le participe passé*, remplace le démonstratif celles, désignant les générations... actuelles, disons. Il fallait donc écrire :
... celles qui ont amplement profité des sacrifices de ceux qui les ont précédées.
Line Gingras
Québec
* Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, si celui-ci est placé devant le verbe.
« La pureté et la santé » : http://www.ledevoir.com/2008/11/15/216369.html
02:26 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 novembre 2008
Auront forcé a préparé
- À la fin des années 70, l'inflation galopante et les taux de chômage effarants auront forcé les États à rationaliser leur fonctionnement, à abaisser les frontières, et a préparé la révolution technique qui a provoqué la croissance extraordinaire que nous avons connue jusqu'à tout récemment. (Christian Rioux.)
Je pense qu'on a voulu écrire :
... auront forcé les États à rationaliser leur fonctionnement, à abaisser les frontières et à préparer la révolution technique...
* * * * *
Jusqu'à tout récemment ou jusque tout récemment? J'ai abordé la question ici.
Line Gingras
Québec
« Back to the future » : http://www.ledevoir.com/2008/11/14/216090.html
03:28 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
17 novembre 2008
Un discours emprunt de noblesse
Emprunt ou empreint; paronymes; orthographe.
- ... un discours senti, emprunt d'une grande noblesse... (Jean-Jacques Stréliski.)
Non, le discours de John McCain n'était pas un emprunt, que je sache, mais on l'a trouvé empreint d'une grande noblesse :
Les beaux ouvrages ne vieilliraient jamais s'ils n'étaient empreints que d'un sentiment vrai. (Delacroix, dans le Petit Robert, à l'article «empreindre».)
Line Gingras
Québec
«Questions d'image – L'homme du monde» : http://www.ledevoir.com/2008/11/17/216703.html
04:01 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
16 novembre 2008
Soit-disant
Soit-disant ou soi-disant; orthographe.
- Il s'agit évidemment de Vladimir Poutine, soit-disant premier ministre. (Serge Truffaut.)
Soi-disant est un adjectif invariable ou un adverbe :
La soi-disant comtesse. (Daudet, dans le Petit Robert.)
Notre père venu à Paris, soi-disant pour affaires. (H. Bordeaux, dans le Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« L'astuce de Poutine – Le sans-gêne » : http://www.ledevoir.com/2008/11/14/216106.html
05:54 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
14 novembre 2008
Une partie de pocker
Pocker ou poker; orthographe.
- ... tous ceux pour qui la joie de vivre passe par une table entourée d'amis, une partie de pocker arrosée... (Isabelle Paré.)
Arrosée au point de laisser des marques, dirait-on... Quoi qu'il en soit, le poker a bien meilleur goût.
Line Gingras
Québec
« Quand la visite se pointe » : http://www.ledevoir.com/2008/11/08/214774.html
01:29 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
13 novembre 2008
Circonscriptions perdues aux conservateurs
Perdu à quelqu'un; perdre à quelqu'un; perdre quelque chose à quelqu'un; calque de l'anglais.
- M. Duceppe* est passé par le Saguenay, où il espère récupérer deux circonscriptions perdues aux conservateurs, notamment celle du ministre Jean-Pierre Blackburn. (Hélène Buzzetti.)
Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé (consultés aux articles « perdu » et « perdre ») ne reçoivent pas les constructions (être) perdu à quelqu'un, perdre quelque chose à quelqu'un, perdre à quelqu'un. Ces tours me semblent calqués sur l'anglais; le Robert & Collins Super Senior propose d'ailleurs de rendre They lost to the new team par Ils se sont fait battre par la nouvelle équipe.
Dans la phrase à l'étude, l'idée pourrait être exprimée de la façon suivante :
M. Duceppe est passé par le Saguenay, où il espère reprendre deux circonscriptions aux conservateurs, notamment celle du ministre Jean-Pierre Blackburn.
Line Gingras
Québec
* Gilles Duceppe, chef du Bloc Québécois.
« Place au suspense électoral » : http://www.ledevoir.com/2008/10/14/210533.html
05:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, syntaxe, journalisme
12 novembre 2008
Le montant ou la rançon
- Croyant avoir versé une rançon aux FARC, les diplomates découvrent avec stupeur que les guérilleros n'en ont jamais vu la couleur. Thomet croit que le montant se situait entre 25 et 100 millions de dollars américains et qu'elle aurait été versée par l'intermédiaire de la société pétrolière Total. (Christian Rioux.)
La deuxième phrase me paraîtrait plus claire si l'antécédent du pronom personnel n'était pas si éloigné. Par ailleurs, on pourrait éviter deux répétitions :
Croyant avoir payé une rançon aux FARC, les diplomates découvrent avec stupeur que les guérilleros n'en ont jamais vu la couleur. Thomet estime que la somme se situait entre 25 et 100 millions de dollars américains et qu'elle aurait été versée par l'intermédiaire de la société pétrolière Total.
Line Gingras
Québec
« Les dessous de la libération d'Ingrid Betancourt » : http://www.ledevoir.com/2008/11/12/215605.html
04:57 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
11 novembre 2008
Disponible à tous les travaux
Disponible à, disponible pour; prépositions; syntaxe du français.
- J'aurais pensé, naïvement, qu'un député en avait déjà plein les bras à aider ses électeurs dans son comté, et j'aurais cru que sa priorité serait de se rendre totalement disponible à tous les travaux de l'Assemblée nationale ou de la Chambre des communes, pour pleinement remplir le mandat qui lui a été démocratiquement confié. (Paul Cauchon.)
D'après les exemples que j'ai relevés, le complément de l'adjectif disponible est généralement introduit par la préposition pour; je n'ai pas vu la construction disponible à :
Elle est toujours disponible pour écouter ses amis. (Petit Robert.)
Marie-Ève est toujours disponible pour aider ses copains. (Multidictionnaire.)
Aucun électricien n'est disponible pour faire ce travail. (Chouinard.)
Une somme d'environ 200 francs était disponible en ma faveur. (Verlaine, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Mon amour ne serait pas attaché à quelques êtres. Il serait disponible pour tout ce qui mérite d'être aimé. (Weil, dans le Trésor.)
Je n'ai pas une minute disponible pour ce travail. (Petit Robert.)
Les navires disponibles pour le combat devaient se tenir prêts à appareiller. (Gracq, dans le Lexis.)
Je conseillerais d'écrire :
... j'aurais cru que sa priorité serait de se rendre totalement disponible pour tous les travaux de l'Assemblée nationale ou de la Chambre des communes, afin de pleinement remplir le mandat qui lui a été démocratiquement confié.
Line Gingras
Québec
« Médias – Des médias, de la politique et du rôle du député » : http://www.ledevoir.com/2008/10/27/212750.html
04:51 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
10 novembre 2008
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage...
(Boileau.)
- On s'attend à ce que Barack Obama ne tarde pas à annoncer rapidement les noms de certaines figures importantes de sa future administration, dont ceux du secrétaire au Trésor et du secrétaire d'État. (Richard Hétu, dans La Presse.)
Je crois comprendre qu'il y a d'excellentes raisons de se presser, mais il me semble que l'idée de vitesse serait mieux rendue si l'on évitait une répétition inutile :
On s'attend à ce que Barack Obama annonce rapidement les noms...
On s'attend à ce que Barack Obama ne tarde pas à annoncer les noms...
Line Gingras
Québec
« Obama amorce la transition » : http://www.cyberpresse.ca/dossiers/presidentielle-americaine/200811/05/01-36673-obama-amorce-la-transition.php
02:34 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
09 novembre 2008
Le projet y voit une atteinte à sa sécurité
Antécédent du pronom relatif; anti-missiles ou antimissile; grammaire française; syntaxe du français; orthographe.
- Washington vient de faire de nouvelles propositions à la Russie afin d'atténuer l'opposition de Moscou au projet de bouclier antimissile qui y voit une atteinte à sa sécurité. (AFP.)
Bien entendu, malgré ce que semble affirmer le journaliste, le projet de bouclier ne voit pas en lui-même – pas plus qu'en Moscou – une atteinte à « sa » sécurité. Tâchons de reconstruire cette phrase branlante :
Washington vient de faire de nouvelles propositions à la Russie afin d'atténuer son opposition au projet de bouclier antimissile, où Moscou voit une atteinte à sa sécurité.
Washington vient de faire de nouvelles propositions à Moscou afin d'atténuer son opposition au projet de bouclier antimissile, où la Russie voit une atteinte à sa sécurité.
Je lis par ailleurs, dans le titre de l'article, bouclier anti-missiles – l'adjectif s'écrit cependant antimissile, d'après le Petit Robert et le Multidictionnaire; selon Marie-Éva de Villers, il prend aujourd'hui la marque du pluriel (un bouclier antimissile, des boucliers antimissiles), bien que « certains auteurs préconisent encore l'invariabilité ».
Line Gingras
Québec
« Bouclier anti-missiles : Obama n'a pas pris d'engagement » : http://www.cyberpresse.ca/international/etats-unis/200811/08/01-37656-bouclier-anti-missiles-obama-na-pas-pris-dengagement.php
02:12 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, orthographe, journalisme
08 novembre 2008
La totalité
- Les six détenus, des Algériens qui résidaient en Bosnie au moment de leur arrestation, étaient en liaison téléphonique avec la salle d'audience depuis le centre de détention située sur la base navale américaine à Cuba. (AFP.)
Ce n'est pas la détention qui est située sur la base, mais le centre de détention : situé.
* * * * *
- La totalité des propos tenus jeudi matin à Washington leur a été traduits.
Deux possibilités, mais entre lesquelles il faut choisir :
La totalité des propos tenus jeudi matin à Washington leur a été traduite.
La totalité des propos tenus jeudi matin à Washington leur ont été traduits.
* * * * *
- ... les conditions dans lesquelles allaient se dérouler la procédure...
Ce ne sont pas les conditions qui vont se dérouler, mais la procédure :
... les conditions dans lesquelles allait se dérouler la procédure...
* * * * *
-
Le juge devrait annoncer sa décision dans une dixaine de jours.
On écrit dans dix jours, mais dans une dizaine de jours.
Line Gingras
Québec
« Six détenus de Guantanamo contestent leur détention » : http://www.cyberpresse.ca/international/etats-unis/200811/06/01-36965-six-detenus-de-guantanamo-contestent-leur-detention.php
05:28 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
07 novembre 2008
Ils pensent pareils
Pareil, adjectif ou adverbe; grammaire française; orthographe.
- Cela dit, à quoi s'attendre d'autre? Il est un politicien, après tout. Et ils pensent tous pareils... (Richard Martineau.)
Il faut savoir distinguer entre l'adjectif et l'adverbe pareil. Dans les politiciens sont tous pareils, nous avons un adjectif, attribut du sujet politiciens (pareils pourrait d'ailleurs être remplacé par un autre adjectif, semblables) :
Les enfants sont tous pareils, ils braillent autant, font les mêmes petites saletés aux mêmes moments inattendus. (Anouilh, dans le Lexis.)
Par contre, dans le passage à l'étude, pareil indique de quelle manière pensent les politiciens; il est donc adverbe :
Les deux amies se coiffent pareil. (Multidictionnaire.)
Cet emploi est familier ou populaire, d'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain.
Line Gingras
Québec
« Super Mario » : http://martineau.blogue.canoe.ca/2008/11/03/super_mario
04:01 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
06 novembre 2008
C'est psychologue
- La violence physique et psychologue sont le lot d'une majorité. (Marie-Andrée Chouinard.)
La violence physique et psychologique est le lot d'une majorité.
Line Gingras
Québec
« Réserves autochtones – Le drame de Yellow Quill » : http://www.ledevoir.com/2008/11/05/214223.html
02:53 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
05 novembre 2008
Elle s'était faite piégée
- Il a finalement fallu que Marc-Antoine Audette explique à Mme Palin qu'elle s'était faite piégée... (Paul Journet, dans La Presse.)
On ne dirait pas il s'est fait haï, il s'est fait pris, il s'est fait eu, mais il s'est fait haïr, il s'est fait prendre, il s'est fait avoir. De même : il s'est fait piéger.
Par ailleurs, comme je l'ai expliqué déjà, le participe passé fait reste toujours invariable lorsqu'il précède immédiatement un infinitif :
... elle s'était fait piéger.
On écrirait toutefois :
Devant ses supérieurs, elle s'est faite soudainement mielleuse.
Line Gingras
Québec
« Les Justiciers masqués piègent Sarah Palin » : http://www.cyberpresse.ca/international/etats-unis/200811/01/01-35211-les-justiciers-masques-piegent-sarah-palin.php
01:35 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
04 novembre 2008
L'économie en générale
En générale ou en général; possible et l'indicatif ou le subjonctif; voit ou voie; grammaire française; orthographe.
- On pense évidement à la façon d'ordonner les marchés financiers et l'économie en générale après la spectaculaire débâcle des derniers mois. (Éric Desrosiers.)
Il ne s'agit pas ici de l'adjectif général, qui s'accorderait avec économie, mais de la locution invariable en général – qui s'oppose à en particulier, et non pas à en particulière... Évidemment.
* * * * *
- Une volumineuse étude de l'OCDE rappelait justement récemment que de pareilles inégalités...
Dans la mesure du possible, on évite de mettre deux adverbes en -ment l'un à côté de l'autre :
Une volumineuse étude de l'OCDE rappelait justement, il y a peu, que de pareilles inégalités...
* * * * *
- Il reste toujours possible [...] que ce soit finalement encore un républicain qui se voit confier les clés de la Maison-Blanche.
Possible appelle le subjonctif :
Il reste toujours possible que ce soit un républicain qui finisse premier.
Il reste toujours possible que ce soit un républicain qui soit élu.
Il reste toujours possible que ce soit un républicain qui se fasse confier les clés de la Maison-Blanche.
Il reste toujours possible [...] que ce soit finalement encore un républicain qui se voie confier les clés de la Maison-Blanche.
Voit : présent de l'indicatif.
Voie : présent du subjonctif.
(Consulter au besoin le Bescherelle.)
Line Gingras
Québec
« Perspectives - Barack, John, Joe... et les autres » : http://www.ledevoir.com/2008/11/03/213851.html
04:29 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
03 novembre 2008
Toutefois...
- Toutefois, en France, c'est une autre histoire. La Nouvelle-France y est absente de tous les livres destinés aux écoliers. Toutefois, avec le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, bien des Français découvrent l'histoire qu'ils partagent avec l'Amérique. (Martine Letarte.)
Toutefois, en France, c'est une autre histoire. La Nouvelle-France y est absente de tous les livres destinés aux écoliers. Avec le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, cependant, bien des Français découvrent l'histoire qu'ils partagent avec l'Amérique.
Line Gingras
Québec
« Vu de Paris – Le 400e de Québec suscite l'intérêt en France » : http://www.ledevoir.com/2008/09/27/207749.html
06:06 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
01 novembre 2008
Il
- S'il y a une constante dans l'autonomisme de M. Dumont, c'est plutôt dans son refus catégorique d'expliquer comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où il opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes. (Michel David.)
Cette phrase est confuse à la première lecture. Le premier il, impersonnel (s'il y a), ne pose pas de problème; mais si les deuxième et troisième désignent Mario Dumont, le quatrième (il opposerait) représente le gouvernement fédéral. Ce changement d'antécédent n'est pas souhaitable.
J'écrirais plutôt :
... comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où celui-ci opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes.
... comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où M. Harper opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes.
... comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où Ottawa opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes.
... comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où l'on opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes.
Line Gingras
Québec
« Mario et sa rossinante » : http://www.ledevoir.com/2008/10/25/212506.html
03:33 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
31 octobre 2008
Incapables à tancer
Capable à, capable de; incapable à, incapable de; grammaire française; syntaxe du français; prépositions.
- Les Américains deviennent incapables de faire la leçon économique et de plus en plus incapables à tancer politiquement. Ils doivent devenir partenaires d'un plus grand ensemble et cesser de dicter ou de sanctionner. (Gil Courtemanche.)
Les adjectifs apte et inapte introduisent leur complément au moyen de la préposition à; capable et incapable, cependant, se construisent avec de :
[L'homme] est incapable de souffrir ou d'être heureux longtemps. Il n'est donc capable de rien qui vaille. (Camus, dans le Petit Robert.)
Peut-être n'aurait-elle pas ri. Elle était capable de comprendre. (Mallet-Joris, dans le Lexis.)
Tu es incapable de m'écouter dix minutes. (Bastide, dans le Lexis.)
Quand je regarde un homme dans les yeux, je deviens incapable de lui donner des ordres. (Sartre, dans le Lexis.)
Quand une mère n'est plus capable de reconnaître son fils, c'est que son rôle sur la terre est fini. (Camus, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
... son ancien ami n'était plus capable de discernement, c'était une machine inerte, sensible encore à la douleur physique, mais incapable de la combattre ou de la détourner. (A. Dumas père, dans le Trésor.)
Incapable de lire, d'écrire, de me promener, je passe presque tout le jour étendu sur mon lit, accaparé par la douleur. (Gide, dans le Trésor.)
Voir aussi le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain.
Line Gingras
Québec
« Le déclin de l'empire américain » : http://www.ledevoir.com/2008/10/25/212504.html
02:37 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
30 octobre 2008
Je lui ai fait visité...
Faire suivi du participe passé ou de l'infinitif; grammaire française; orthographe.
- « J'ai pris la sous-ministre par l'oreille (c'est une image) et je lui ai fait visité cette zone protégée... » (Christian Yaccarini, cité par Stéphane Baillargeon.)
Le verbe faire ne doit pas être suivi d'un participe passé, mais d'un infinitif :
Je lui ai fait comprendre que c'était une zone protégée.
Je l'ai fait sortir de la zone protégée.
... je lui ai fait visiter cette zone protégée...
Et comme c'est demain l'Halloween :
La vilaine grammairienne a pris le pauvre journaliste surmené par l'oreille et lui a fait recopier deux cent vingt-deux fois : « Je lui ai fait visiter... »
Line Gingras
Québec
« Un starchitecte pour le 2.22 » : http://www.ledevoir.com/2008/10/25/212572.html
16:36 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
29 octobre 2008
Avoir raison que
Avoir raison que; syntaxe du français.
- Alors qu'il s'apprêtait à livrer un discours à forte teneur économique, M. Dion a poursuivi en rappelant les réussites libérales en matière de lutte contre le déficit pendant les années 1990. « Tous les Canadiens ont travaillé, mais s'il fallait en nommer trois, n'ai-je pas raison qu'il faudrait nommer trois Québécois [...]? » (Stéphane Dion, cité par Hélène Buzzetti. Monsieur Dion s'adressait aux membres de l'Empire Club et de l'Economic Club de Toronto; sans doute s'exprimait-il en anglais.)
On peut très bien employer avoir raison de + infinitif :
La suite lamentable n'a que trop montré comme il avait raison de se méfier de nous. (Butor, dans le Lexis.)
Aucun des neuf ouvrages de difficultés que j'ai consultés ne mentionne cependant le tour avoir raison que; je ne trouve pas non plus cette construction dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé). On aurait pu dire, à mon avis :
... n'ai-je pas raison de penser qu'il faudrait nommer trois Québécois...?
... ne faudrait-il pas nommer trois Québécois...?
... ne devrait-on pas nommer trois Québécois...?
... n'aurait-on pas raison de nommer trois Québécois...?
Line Gingras
Québec
« La grosse machine libérale se réveille » : http://www.ledevoir.com/2008/10/09/209842.html
05:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse